Dans un royaume lointain, entouré de forêts enchantées et de lacs miroitants, vivait une jeune princesse nommée Émérine. Contrairement aux autres princesses, Émérine n’avait que faire des richesses ou des bals. Elle passait son temps dans les bois, écoutant les chants des oiseaux et se promenant pieds nus dans les ruisseaux. Elle avait un don particulier : celui de comprendre le langage des animaux, un secret qu’elle gardait précieusement.
Un matin, alors qu’Émérine cueillait des fleurs près d’un étang, elle aperçut une grenouille verte, avec des yeux grands et curieux, qui l’observait intensément. Elle s’approcha doucement, et à sa surprise, la grenouille lui parla.
— « Princesse Émérine, je suis le prince Théobald. J’ai été ensorcelé et transformé en grenouille par une méchante sorcière. Un baiser pourrait me libérer ! » implora la grenouille.
Émérine sourit doucement, puis s’agenouilla pour lui répondre.
— « Cher Théobald, peut-être que je pourrais te libérer, mais… et si je préférais te connaître ainsi ? Qui es-tu vraiment, sans le charme et l’apparence d’un prince ? »
Surpris, Théobald cligna des yeux. Aucun humain ne lui avait jamais parlé de cette façon. Tout le monde avait toujours cherché à briser le sort, sans même chercher à savoir qui il était au-delà de son apparence. Il hésita, mais finit par confier à Émérine ses rêves d’aventure et ses peurs de décevoir, ainsi que la solitude qu’il ressentait en tant que prince.
Les jours passèrent, et chaque matin, Émérine revenait à l’étang pour écouter les histoires de Théobald. Ensemble, ils riaient, partageaient leurs espoirs, et se racontaient leurs rêves les plus fous. Pour la première fois, Théobald se sentait aimé et compris, sans avoir besoin de redevenir un prince.
Un soir, la sorcière qui avait jeté le sort apparut, exaspérée.
— « Émérine ! Pourquoi ne l’as-tu pas encore embrassé ? Ne veux-tu pas un prince pour époux ? »
La princesse répondit avec calme :
— « Je n’ai pas besoin d’un prince. J’ai trouvé un ami, quelqu’un avec qui je partage un lien précieux, peu importe son apparence. Touchée par la sincérité d’Émérine, la sorcière sentit son cœur s’adoucir. Elle comprit que le véritable amour et l’amitié résidaient dans l’acceptation de l’autre, tel qu’il était.
Dans un éclat de lumière douce, le sort de Théobald fut rompu… mais, à la surprise d’Émérine, il ne reprit pas forme humaine. Il resta une grenouille, mais désormais libre de l’enchantement. La sorcière sourit et expliqua : « Parfois, le véritable bonheur est de rester soi-même. »
Émérine serra tendrement Théobald dans ses bras, heureuse de le voir libéré, non de son apparence, mais de son fardeau. Désormais, ils étaient libres de vivre leurs aventures ensemble, comme amis, et même comme compagnons de cœur, chacun acceptant l’autre avec une bienveillance infinie.
Et ainsi, dans le royaume d’Émérine, une princesse et une grenouille vécurent heureux, prouvant que le véritable amour et l’amitié se trouvent dans l’acceptation inconditionnelle.